Associer voyage et amour des belles phrases, c’est bien l’art que Sylvain Tesson maîtrise. Il m’aura suffi de poser les yeux sur les premières pages de ce livre pour faire de Petit traité sur l’immensité du monde un de mes romans préférés. Un roman particulier que le mot enchantement décrit parfaitement en se fiant à l’objectif de l’auteur : nous guider lors de ces voyages à observer la beauté du monde qui nous entoure, à apprécier la simplicité des petits moments, à tout simplement adhérer à sa philosophie de “vagabondage joyeux”, un nomadisme singulier qui révèle l’authenticité que l’on peut retrouver dans un quotidien qui célèbre la découverte.

Son style littéraire est réellement transportant si l’on observe toutes les analogies qu’il crée à la simple vue de paysages qu’il sillonne tout autour du monde. C’est un roman qui fait réfléchir, questionner, imaginer et surtout qui nous apprend à reconsidérer la signification du mot “apprécier”. Si l’auteur cherche tant à observer ce qui l’entoure, c’est une façon pour lui de rejeter un monde de plus en plus rapide qui nous fait oublier la magie qu’implique l’acte même de ralentir et de rêver. Son style d’écriture recherche toujours l’expression la plus juste pour qualifier son ressenti et donner de la vie à ses récits animés par un rythme qui fait écho à celui de ses pas explorant les moindres recoins du monde. Il examine à sa manière le terme “Wanderer” autrefois attribué à Goethe mais qu’il revisite à sa manière : sillonner le monde sans rien attendre en retour, se suffire de ce qu’il observe au fur et à mesure de ses voyages. 

Parmi mes passages préférés:

“Voyager, ce n’est pas choisir les ordres, c’est faire entrer l’ordre en soi”. 

“Ailleurs, selon Morand, est un mot plus beau que demain” 

“Fidèle à l’image de l’impassibilité, saint Augustin prêchait que le bonheur était de «désirer ce que l’on possède déjà”.